Serge Jeudy, ou l’homme toujours en quête de vérité.
Découvrez ici un homme hors du commun, inventif, curieux et aux mille et un projets qui par la rédaction de son mémoire a établi les fondements mêmes d’inpowr.
1946 à 1968
1968 à 1974
1974 à 1980
1980 à 1984
Récapitulatif
Conclusion
1946 à 1968
FRANCE : un amour inconditionnel pour le sport
Curieux, inventif et résilient
Né le 7 mars 1946 à Hamanxard le Val D’ajol, dans une petite maison de campagne de l’est de la France, Serge Jeudy a vécu son enfance dans une France ravagée par la Deuxième Guerre mondiale. Enfant, il est curieux, inventif et avare de savoir. Il lit beaucoup et dès l’âge de 12 ans, passionné d’astronomie et sans argent de poche, il fabriquera par lui-même une lunette astronomique afin d’explorer la lune et les étoiles hors de la ville de St-Dié où il habite depuis l’âge de 8 ans. Petit et agile, il se découvre une aptitude pour le sport, toutes catégories confondues. Il tente le cyclisme, la course à pied et même l’alpinisme avant de se diriger plus sérieusement vers l’athlétisme.
En 1961, à l’âge de 15 ans, alors que le jour même il battait le record provincial du 600m, Serge a un accident de vélo qui lui laisse les jambes écrasées et mutilées. Les médecins étaient d’accord sur une chose: il ne pourrait plus courir. C’était bien mal connaître Serge Jeudy, qui déjà à 15 ans montrait une détermination sans fin. À force de réhabilitation et par la pratique du judo, il retrouve les pistes de course et son amour pour l’athlétisme.
En 1965, à 19 ans, Serge rejoint l’armée française afin de faire son service militaire obligatoire de 18 mois. Lors de son service militaire, il fait la rencontre de soldats américains déployés en France. Ce sont ces soldats qui lui parleront pour la première fois de l’Amérique et de ses possibilités. Le rêve américain l’intéresse et il commence à songer à une vie là bas.
À cette même époque, le fabricant automobile français Peugeot offre à Serge un emploi, un logement payé ainsi que des études afin de faire son brevet de technicien supérieur, tout en pouvant continuer de s’entraîner.
Il restera donc en France durant quelques années jusqu’à ce que les grèves de mai 1968 éclatent et qu’il décide de quitter pour de bon son pays. Il s’envole vers le Québec. Il atterrit à Montréal un beau samedi du mois de juin 1968 avec sa femme, son fils et 120$ dans les poches. Il sera immédiatement accueilli par une famille dans le nord de Montréal et se trouvera un travail de machiniste 3 jours plus tard.
1968 à 1974
MONTRÉAL : une passion qui prend vie
Performance, leadership et passion
Cet été là, en marchant dans la ville, Serge tombera par hasard sur une compétition d’athlétisme au Parc Jarry. On lui donnera la possibilité de participer hors concours, étant donné qu’il n’a pas sa citoyenneté canadienne à ce moment. Contre toutes les attentes du comité organisateur de l’événement, Serge gagnera le 400 et le 800 mètres, s’approchant ainsi des records québécois de ces deux épreuves. Après cette compétition, il se fera approcher par un officiel de l’équipe d’athlétisme de l’Université de Montréal qui l’invite à les joindre. Malheureusement, les discussions avec l’équipe n’aboutissent pas et cet événement marquera une sorte de pause dans sa carrière d’athlète.
Entre 1968 et 1970, Serge se consacre à son travail et à construire sa vie au Québec. Mais en 1970 l’avenir se dessine autrement pour Serge, qui fait la rencontre Jo Malléjac. Ce dernier le poussera à recommencer à s’entraîner en vue des Jeux olympiques de 1972 à Munich. Le retour à l’entraînement n’est pas facile, mais il persévère afin de pouvoir faire les qualifications. Entre le travail et les entraînements, Serge acceptera un mandat offert par la Cité de Montréal-Nord pour repartir les activités de Club d’Athlétisme de la ville. Il y apporte les modifications nécessaires pour encourager une plus grande participation des citoyens. Il y crée également un club élite. Serge se pose alors en leader de sa communauté et va même jouer les rôles variés de publiciste, de conférencier et d’organisateur pour le club.
L’année 1971 est définitivement une année occupée pour Serge qui débutera, en marge de sa carrière d’athlète, un emploi comme professeur d’éducation physique au Collège Laval. C’est alors la réalisation d’une passion pour l’enseignement, qu’il caressait depuis 1963.
1974 à 1980
Un retour aux études qui mène aux fondements d’inpowr
Avide de savoir, il cherche à comprendre…
En 1974, voyant qu’il n’a plus la forme des années précédentes, il décide de réduire l’entraînement et de se concentrer au rôle d’entraîneur, tout en retournant sur les bancs d’école à l’Université du Québec à Montréal. Il s’inscrit au baccalauréat en enseignement de l’éducation physique. Cette année-là, à l’UQAM, Serge fait la rencontre de Yvette Volet-Genet. Cette rencontre sera cruciale pour la suite de sa vie. Sa collègue réussira à faire basculer la conception qu’il a par rapport au développement de l’action corporelle pour améliorer les performances d’un athlète. Contrairement à l’approche biomécanique que Serge utilise, l’approche développementale prônée par madame Volet-Genet se concentre d’abord sur la relation qu’une personne a avec ses schèmes antérieurs : équilibration, coordination et anticipation.
Afin d’intégrer les concepts de cette approche développementale dans le sport, Serge commence donc à étudier le développement des mouvements tant chez ses élèves du primaire où il continue d’enseigner, que chez les athlètes de haut niveau qu’il entraîne. En 1976, il demande à ses athlètes de répondre à des questions personnelles relatives à leur bien-être physique, mental et social. Ces questions avaient pour objectif d’aider Serge dans le perfectionnement des mouvements corporels des athlètes pour le développement de leur sport. Tranquillement, le dessein vers inpowr pointe à l’horizon.
En 1978, il complétera avec succès son baccalauréat en enseignement de l’éducation physique. Il poursuivra par la suite des études supérieures afin de compléter une maîtrise en éducation en 1984. Son talent est d’ailleurs remarqué et cette même année, on l’invite à être chargé de cours pour le département de Kinanthropologie, où il continuera à enseigner jusqu’en 2003. Il enseignera plusieurs cours: Mesure et évaluation en activité physique, Stratégies d’intervention et d’animation en activité physique et sport, Didactique de l’éducation physique scolaire ainsi qu’Athlétisme et gymnastique. Il y introduit un concept d’intervention fondé sur l’équilibre de l’individu lorsque celui-ci est en relation constante avec lui-même, son environnement physique et les autres. Il prône alors l’approche développementale dans le sport.
Cette même année, il lance un laboratoire d’entraînement technico-moteur. Le concept est assez simple: tapis roulant et caméra en circuit fermé. Ce laboratoire fut très utilisé par les athlètes de l’équipe canadienne de marche athlétique, tant chez les hommes que chez les femmes. Cette initiative permit d’élaborer des logiciels pour l’analyse technique des athlètes et des logiciels pouvant compiler les statistiques complètes des athlètes.
L’année 1978 fut faste pour Serge, qui devient président des Jeux du Québec pour la région de Bourassa. Il restera à la tête de l’organisation jusqu’en 1982. Dans ces mêmes années, il publiera des dizaines d’articles sur l’initiation au sport, alors qu’il est directeur de la section sport à la revue Vidéo-Presse, une revue de style encyclopédique pour le milieu scolaire.
1980 à 1984
Son mémoire de maîtrise, ou la naissance d’inpowr
Un avant-gardiste reconnu
Le passage de Serge à l’UQAM fut faste au niveau des rencontres déterminantes. Il rencontrera entre autres, Jean-Claude Brief, alors professeur titulaire à la faculté d’Éducation et spécialiste des concepts Piagétiens. Un nouveau virage s’amorce dès cette rencontre. Serge était déjà très intéressé par Jean Piaget, reconnu pour ses travaux en psychologie du développement. Il avait d’ailleurs lui-même adapté, déjà à cette époque, certains de ces concepts au développement de la personne par corporalisation. La rencontre avec M. Brief lui a permis d’approfondir ses recherches et d’arriver avec des résultats plus probants. Encore aujourd’hui, Serge affirme que le rôle de mentor qu’a joué Jean-Claude Brief à cette époque fut déterminant dans l’évolution de sa pensée sur le développement de la personne.
En 1980, Serge est bien connu dans le milieu universitaire. Il sera chargé du dossier de la réforme du programme de baccalauréat en activité physique en milieu sportif, communautaire, industriel et scolaire puis en 1981, chargé du dossier de la réforme des modules en enfance inadaptée.
En 1984, Serge remettra son mémoire de maîtrise, nommé Études des raisons qui poussent les gens à courir de longues distances et identification des bénéfices qu’ils en retirent, complété sous la direction de Renald Legendre et Michel Volet, co-directeur. En somme, la conclusion du mémoire de Serge énonce qu’une activité physique faite avec passion vient équilibrer une personne sur ses aspects non seulement physique, mais également mental et social. Lors de son dépôt, son travail lui a valu une mention d’excellence de la part du jury. Elle fut ultérieurement encensée par l’essayiste français Albert Jacquard. qui lui proposa par ailleurs que toute activité humaine (non pas seulement physique), lorsque pratiquée avec passion, vient équilibrer le système d’une personne sur ses différents secteurs de vie. Ce travail colossal est aujourd’hui à la base des fondements d’inpowr et garde toute sa pertinence encore aujourd’hui.
A. Jacquard
Cher Monsieur
La proximité d’un voyage au Canada (je serai à l’Université de Montréal du 3 au 10 octobre et à l’Univ. Laval de Québec du 16 au 18) me fait soudain prendre conscience que je n’ai pas répondu à votre lettre du 20-10-85.
Bien que je ne vois ni marathonien ni coureur d’aucune sorte, votre thèse m’a énormément intéressé. Son mérite premier est la rigueur et son honnêteté; j’ai admiré la façon dont vous évitez le piège des idées reçues et savez tout remettre en cause de façon constructive. Mais surtout j’ai apprécié votre référence permanente à l’auto-construction de la personne. Je viens d’achever un livre à ce sujet; il paraîtra en article sous le titre ‘’L’héritage de la liberté’’. Le thème est la nécessité d’échapper aux raisonnements purement mécanistes dès qu’il s’agit de la ‘’fabrication des hommes’’. Bravo pour votre conclusion; les 4 dernières lignes de la page 345. Mais, plutôt que de mettre les mots ‘’voire même toute activité humaine’’ en petits caractères, je les aurais doublement soulignés: ‘’Toute activité physique, et plus généralement toute activité humaine, à condition de correspondre à un engagement réel, passionné, participe au processus de la construction de la personne par elle-même, et participe à la prise de conscience de l’importance de ce processus’’.
Je vous adresse mes félicitations et espère avoir l’occasion de vous rencontrer à nouveau.
Bien cordialement,
Albert Jacquard
Récapitulatif
Athlète, entraîneur, conférencier et Master Coach
Un facteur de changement
Du début des années 70 et jusqu’à la fin des années 80, Serge parcourt le Québec et donne des dizaines de conférences, passant de la sensibilisation des jeunes au sport à la relation entre l’activité physique, les modes de vie et la santé. Il présente également son modèle théorique du développement des actions motrices dans le sport, du débutant à l’élite.
Dans son rôle d’entraîneur, Serge prendra en charge des athlètes dans plusieurs disciplines: gymnastique artistique et rythmique, athlétisme, marche athlétique, saut de barils, wushu et haltérophilie. Il aura également la chance d’encadrer les athlètes aux Jeux olympiques de Montréal (1976) et Los Angeles (1984). Il participera également à plusieurs coupes du monde de marche (1983, 1985) ainsi qu’aux Jeux du Commonwealth (1986), pour ne nommer que quelques événements.
Pratique non commune dans le monde sportif, Serge sera approché par certains entraîneurs d’athlètes d’élite afin de devenir leur Coach dans les années 80. Il sera alors Master Coach. Dans ce rôle, il décide du programme de l’athlète avec l’entraîneur puis transmet son savoir à ce dernier afin d’améliorer les performances de l’athlète. Encore en 2018, Serge travaille avec certains entraîneurs et leurs athlètes en leur transmettant son savoir et ses connaissances.